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toutes les autres t’imposent un tribut pour leur industrie, et ton industrie sans activité n’en peut imposer à personne ; ce qu’il y a de bien plaisant, c’est que tes arts tiennent du caractère vain et glorieux de ton peuple. Aucune ville sur la terre ne surpasse pas la tienne en décorations d’opéra ; tout est clinquant chez toi comme ce peuple ; la médecine, la chirurgie, la poésie, l’astronomie y sont encore dans les ténèbres ; mais tes danseurs sont excellens, et nous n’avons nulle part d’aussi plaisans scaramouches ; ailleurs enfin, on se donne beaucoup de mouvement pour devenir riche ; le Napolitain seul ne s’en donne, que pour le paraître ; il a moins à cœur de posséder une grande fortune, que de persuader aux autres qu’il en jouit, et cherche bien moins l’opulence que ce qui l’annonce ; voilà ce qui fait que dans ta nation il y a beaucoup de gens qui se privent du nécessaire, pour avoir le superflu : la frugalité règne au milieu du plus grand faste ; la délicatesse des mets est inconnue ; excepté tes macaronis, que mange-t-on de bon chez toi ? rien : on y méconnaît absolument cet art voluptueux d’irriter toutes les passions par les délicieuses