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ton peuple, il jouit de peu ; mais ce n’est pas l’effet de son inaction, cet engourdissement a sa source dans ta politique qui, pour tenir le peuple dans sa dépendance, lui ferme la porte des richesses ; d’après cela, son mal est sans remède, et l’état politique n’est pas dans une situation moins violente que le gouvernement civil, puisqu’il tire ses forces de sa faiblesse même. La crainte que tu as, Ferdinand, que l’on ne découvre ce que je te dis, te fait exiler les arts et les talens de ton royaume ; tu redoutes l’œil puissant du génie, voilà pourquoi tu favorises l’ignorance ; c’est de l’opium que tu fais prendre à ton peuple, afin qu’engourdi par ce somnifère, il ne sente pas les plaies dont tu le déchires, et voilà d’où vient que l’on ne trouve chez toi, aucun des établissemens qui donnent de grands hommes à la patrie : les récompenses dues au savoir y sont inconnues, et comme il n’y a aucun honneur ni aucun profit à être savant, personne ne se soucie de le devenir.

J’ai étudié tes loix civiles, elles sont bonnes, mais mal exécutées, d’où il résulte qu’elles se dégradent. Qu’arrive-t-il ? qu’on aime mieux vivre dans leur corruption, que