Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 9, 1797.djvu/256

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« En analysant bien ta nation, je n’y vois que trois états, et tous trois inutiles ou malheureux : le peuple est assurément de cette dernière classe ; les prêtres et les courtisans forment les deux autres. Un des grands défauts de ton petit empire, mon ami, c’est qu’il n’y existe qu’un pouvoir devant qui tout cède ; le roi est l’état ici, le ministre est le gouvernement, il ne peut donc y avoir d’autre émulation que celle que font naître le souverain et son agent : où peut-il exister un plus grand vice que celui-là ? »

« Quoique la nature donne beaucoup à

    peuples qui, par un faux mouvement de philosophie, crurent détruire la superstition, en pillant les autels ; que leur reste-il maintenant ? même préjugé et plus aucunes richesses. Les imbécilles ! méconnaissant la main qui les faisait agir, ils croyaient abolir le culte, et ne faisaient que lui prêter des forces ; vils instrumens des coquins qui les remuaient, les malheureux croyaient servir la raison, quand ils n’engraissaient que des pourceaux. Les révolutions religieuses se préparent par de bons ouvrages, par de l’instruction, et se terminent par l’extinction totale, non des hochets de la stupidité religieuse, mais des scélérats qui la prêchent, et qui la fomentent