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qui détériore absolument son ancienne énergie, et qui l’empêche d’être reconnu. Cette nation qui chercha long-tems des libérateurs, par une mal-adresse inouie, ne trouva jamais que des maîtres ; grand exemple pour un peuple qui veut briser ses fers ! qu’il apprenne des Napolitains, que ce n’est point en implorant des protecteurs, qu’il réussira, mais en pulvérisant le trône et les tyrans qui s’y plaçaient ; toutes les autres nations se sont servies des Napolitains pour établir une puissance ; eux seuls sont demeurés dans la langueur et dans la faiblesse ; on cherche le génie des Napolitains, et comme celui de tous les peuples accoutumés à l’esclavage, ce n’est jamais que celui de son souverain que l’on rencontre. N’en doute pas, Ferdinand, les vices que j’ai trouvés dans ta nation sont bien moins à elle qu’à toi ; mais une chose plus surprenante encore, c’est que l’excellence du territoire de ton peuple est peut-être l’unique cause de sa pauvreté ; avec un terrein plus ingrat, les besoins l’auraient averti d’être industrieux, et par la contrainte au travail, il aurait reçu la vigueur dont le prive la fécondité de son sol : aussi arrive-