Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 9, 1797.djvu/250

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

refus me désespérerait, et ne vous servirait à rien : je vous attends ».

Un billet aussi despote… aussi laconique, assurément méritait une réponse ; je la fis verbale, et me contentai d’assurer le page, que je serais exacte ; dès qu’il est parti, je vole apprendre cette bonne fortune à mes sœurs, Toutes trois, bien déterminées à bannir d’entre nous jusqu’au plus léger soupçon de jalousie, à nous divertir des extravagances humaines… à en profiter… à en rire, cette préférence ne servit qu’à nous amuser. Toutes deux m’exhortèrent à ne pas manquer l’aventure ; et parée comme la déesse même qui avait mérité la pomme, je m’élance dans une voiture à six chevaux, qui, dans peu de minutes, me descend au château royal, célèbre par les ruines de la ville d’Herculanum, sur lesquelles il est situé. Mystérieusement introduite dans les plus secrets appartemens de cette maison, je trouve enfin le roi, non-chalamment couché dans un boudoir. Mon choix sans doute, aura fait des jalouses, me dit l’imbécille, en mauvais français. Non, sire, répondis-je, mes sœurs ont vu cette préférence avec la même tranquillité que moi… pas plus tou-