Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 9, 1797.djvu/248

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chez le frère de Clairwil, prodigieusement fait foutre par ce beau garçon, dont le vit était admirable, et ce n’était pas sans peine que je m’en séparais. Il ne s’agissait pas d’amour dans mon fait, je n’ai jamais servi ce Dieu-là, il n’était question que du besoin d’être bien foutue, et personne ne le satisfaisait comme Carle-Son. L’obligation de nous cacher d’ailleurs, afin de ne pas déplaire à Borchamps trés-jaloux de ce beau garçon, mettait à sa jouissance un sel que je ne trouvais pas dans les autres ; et nos derniers adieux furent scellés d’une inondation mutuelle de foutre.

Arrivés dans Naples, nous louâmes un hôtel superbe, sur le quai de Chiagia, et nous faisant passer pour sœurs comme nous l’avait conseillé le capitaine, nous prîmes, sous cette dénomination, un superbe train de maison, Nous passâmes d’abord un mois à étudier avec soin, les mœurs de cette nation à demie Espagnole ; nous réfléchîmes sur son gouvernement, sur sa politique, sur ses arts, sur ses rapports avec les autres nations de l’Europe. Cette étude faite, nous nous crûmes en état de pouvoir nous répandre dans le monde ; notre réputation de femmes galantes s’y propagea bientôt.