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sévèrement le capitaine, plongez-le dans le cœur de votre fils, que son père lui-même va tenir… Non, barbare, s’écria cette mère au désespoir, non, ce sera dans le mien, et elle se perçait si je n’eusse retenu son bras. Ah ! garce, tu obéiras, s’écrie Carle-Son furieux, et saisissant la main de sa femme, il conduit lui-même le poignard dans le sein de son fils. Clairwil, jalouse de voir qu’on procède sans elle au meurtre de ce jeune homme, elle qui ne respire que pour les meurtres masculins, saute sur un second poignard, et vient cribler ce malheureux de coups mille lois plus sanglans ; alors Rosine est couchée sur une banquette de bois, très-étroite, et là Borchamps veut qu’Ernelinde ouvre, avec un scapel, le ventre de sa mère ; l’enfant se refuse, on le menace : effrayé, meurtri, excité par l’espoir de sauver sa vie si elle consent, sa main, conduite par celle de Carle-Son, cède aux barbares impulsions qu’on lui donne. Voilà où tu as reçu l’existence, dit ce père cruel, dès que l’ouverture est faite, il faut que tu rentres dans la matrice dont tu es sortie ; on la garotte, on la comprime tellement, qu’à force d’art, la voilà, toute vive