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je suis fâché que la nuit vous empêche de distinguer les abords de cette superbe maison. Voici la mer et le château dont les impraticables alentours nous obligent à quitter ici la voiture ; il faut, comme vous le voyez, monter à pic maintenant, et le sentier ne peut être frayé tout au plus que par des chevaux. Nous nous mîmes en croupe derrière nos gardes, et au bout d’une heure et demie de trajet, dans la plus haute montagne que j’eusse encore vue de mes jours, un pont-levis se baissa ; nous traversâmes quelques fortifications hérissées de soldats qui nous reconnurent militairement, et nous parvînmes au milieu de la citadelle. C’en était effectivement une des plus fortes qu’il fût possible de voir ; et, dans l’état où l’avait maintenu Brisa-Testa, elle était capable de soutenir les plus longs siéges.

Il était environ minuit quand nous arrivâmes ; le capitaine et sa femme étaient couchés, on les éveilla. Brisa-Testa vint nous visiter ; c’était un homme de cinq pieds dix pouces, dans la force de l’âge, de la figure la plus belle, en même-tems la plus dure. Il examina légèrement nos hommes ; mes compagnes et moi l’occupèrent un peu