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l’exerçons de l’autre, et notre métier, comme le vôtre, est de faire des dupes. Vous vous expliquerez avec mon capitaine, dit ce sous-chef, pour moi je ne sais qu’obéir, et surtout quand mes jours en dépendent, marchons. Comme les cavaliers aux ordres de celui qui nous parlait, liaient pendant ce tems-là, nos valets à la queue de leurs chevaux, il n’y eut pas à répliquer. Nous avançâmes. L’officier s’était mis dans notre voiture, et quatre de ses cavaliers la conduisaient. Nous marchâmes cinq heures de cette manière, pendant les-quelles notre conducteur nous apprit que le capitaine Brisa-Testa était le plus fameux chef de brigands de toute l’Italie ; il a, nous dit notre guide, plus douze cens hommes à ses ordres, et nos détachemens parcourent d’un côté tout l’état ecclésiastique jusqu’aux montagnes de Trente, ils vont de l’autre jusqu’aux extrémités de la Calabre. Les richesses de Brisa-Testa, poursuivit l’officier, sont immenses. Dans un voyage qu’il fit l’année dernière à Paris, il épousa une femme charmante, qui fait aujourd’hui les honneurs de la maison. Frère, dis-je à ce bandit, il me semble que