Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 9, 1797.djvu/187

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avons reçu des bienfaits. Cet animal-ci ne nous a-t-il pas dit cent fois qu’en sa qualité de bon chrétien[1] il était sûr d’aller en paradis tout droit ? Cette hypothèse admise, n’y sera-t-il pas mille fois plus heureux que sur terre ? — Assurément. — Il faut donc le contenter, m’écriai-je ! Oui, dit Voldomir ; mais je ne consens à toutes ces morts, qu’aux conditions qu’elles seront affreuses : il y a long-tems que nous ne volons et ne tuons que par besoin ; il faut le faire ici par méchanceté, par goût ; il faut que le monde frémisse en apprenant le crime que nous avons commis… il faut contraindre les hommes à rougir d’être de la même espèce que nous : j’exige de plus qu’un monument soit élevé, qui constate ce crime à l’univers, et que nos noms soient imprimés sur ce monument par nos mains mêmes. — Eh bien ! parle ; nous consentons à tout qu’exiges-tu, scélérat ? — Il faut que lui-même fasse rôtir ses enfans, qu’il les mange avec nous ; que nous l’enculions pendant ce tems-là ; lui coudre ensuite les restes de ce repas autour du corps,

  1. Il en existe à Tifflis, plus que des Musulmans ; ce sont eux qui possèdent le plus grand nombre d’églises.