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qu’il faut absolument pour ma santé, que je me fasse fouetter tous les jours[1].

On me donna en arrivant, une hutte dont le propriétaire venait de mourir après quinze ans de détention ; elle était composée de trois chambres, avec des treillis au mur, pour l’introduction de la lumière ; sa construction était en sapin, parquetée d’os de poisson, qui rendaient le plancher aussi luisant que l’ivoire ; il y avait au-dessus un bouquet d’arbres assez pittoresque ; et pour se mettre à l’abri de l’incursion des bêtes sauvages, on y avait creusé un fossé palissadé avec de forts poteaux et des pièces de bois en travers ; cette barricade était armée de pointes qui formaient comme autant de lances ; et

  1. Cette habitude est d’une telle force, que ceux qui y sont sujets ne peuvent s’en passer, et ne le feraient peut-être pas sans danger ; ils éprouvent, à l’époque où ils sont accoutumés de renouveler cette cérémonie, des chatouillemens d’une si grande violence, qu’ils ne peuvent les appaiser qu’à coups de fouet. Voyez l’histoire des flagellans, par l’abbé Boileau ; l’excellente traduction de Meibomius, par Mercier de Compiègne.