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qu’il croit devoir à un prince de sa nation le retient, et le crime se fait toujours mal lorsque les préjugés captivent ; je n’ai point de telles craintes avec vous : voilà le poison dont je veux que vous vous serviez… J’ai dit, Borchamps ; acceptez-vous ?

Madame, répondis-je à cette femme vraiment douée du plus grand caractère, quand je ne serais pas né avec le goût du crime ; quand le crime ne serait pas l’élément de ma vie, celui que vous me proposez me flatterait, et la seule idée d’arracher au monde un prince débonnaire, pour y conserver la tyrannie dont je suis un des plus zélés partisans, cette seule idée, madame, suffirait pour me faire accepter avec joie le projet dont vous me parlez : comptez sur mon obéissance.

Cette profonde résignation t’enchaîne pour toujours à moi, me dit Catherine, en me serrant dans ses bras. Je veux, demain, ennivrer tes sens de tous les délices de la volupté ; je veux que tu me voyes dans le plaisir ; je veux t’y considérer moi-même, et ce sera dans l’ivresse des plus piquantes luxures, que tu recevras le poison qui doit trancher les jours abhorrés du méprisable