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quelques lieues de la ville. Amélie, que j’instruisis de cette bonne fortune, fit tout ce qu’elle put pour m’en détourner, et ne me vit partir qu’avec douleur.

J’ai pris sur votre personnel, me dit l’Impératrice, dès que nous fûmes seuls, toutes les informations qui pouvaient m’éclairer. J’ai su votre conduite en Suède, et quoiqu’on en ait pu dire, je l’ai fort approuvée. Croyez, jeune Français, que le parti des Rois est toujours le meilleur ; ceux qui l’embrassent et lui restent fidèles, ne s’en repentiront jamais. Sous le masque de la popularité, Gustave a voulu raffermir le despotisme sur son trône ; vous l’avez bien servi, en dévoilant la conjuration qui troublait ses desseins ; je vous en loue ; votre âge, votre physionomie, ce qu’on publie de votre esprit, tout m’intéresse à vous, et je puis ajouter beaucoup à votre fortune, si vous embrassez mes projets… Madame ? répondis-je véritablement ému des attraits de cette superbe femme, quoiqu’elle eut déja quarante ans, le bonheur de plaire à votre Majesté, devient une assez grande récompense aux services qu’elle me met à même de lui rendre, et je jure d’avance, que ses