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pas moins après. Nous montâmes dans plusieurs maisons pauvres, que nous dévastâmes après y avoir semé le trouble et la désolation ; il n’y eut pas, en un mot, d’exécrations que nous ne nous permîmes, pas une seule que nous n’exécutâmes. Nous attaquâmes la patrouille, nous la mîmes en fuite ; et ce ne fut que rassasiés d’horreurs et d’atrocités que nous rentrâmes chez nous, le lendemain, dès que le jour vint éclairer les débris de nos scandaleuses orgies.

Nous ne manquâmes pas de faire mettre dans les papiers publics, que tels étaient les affreux abus que se permettait le gouvernement, et qu’aussi long-tems que le régime royal prévaudrait sur celui du sénat et des loix, aucune fortune ne serait en sûreté, aucun particulier ne respirerait en paix chez lui ; le peuple le crut et desira la révolution. Voilà comme on l’abuse ce pauvre peuple, voilà comme il est à-la-fois et le prétexte et la victime de la scélératesse de ses meneurs : toujours faible et toujours imbécille, tantôt on lui fait desirer un roi, tantôt une république, et la prospérité offerte par ses agitateurs à l’un ou l’autre de ces régimes, n’est