Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 9, 1797.djvu/132

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

patrie ; une fois sur le trône des rois, aucune espèce de tyrannie n’aura jamais égalé la nôtre, jamais despote n’aura mis sur les yeux du peuple un bandeau plus épais que celui que nous y placerons ; l’ignorance essentielle où nous le plongerons, nous l’assouplira bientôt, des ruisseaux de sang couleront, nos frères même ne seront plus que les valets de nos cruautés, et dans nous seuls sera concentré le pouvoir suprême ; toutes les libertés seront enchaînées, celle de la presse, celle des cultes, celle de penser même, seront sévèrement interdites : il faut bien se garder d’éclairer le peuple, ou de briser ses fers, lorsqu’il s’agit de le conduire.

Vous ne serez point admis, Borchamps, à ce partage d’autorité, votre naissance étrangère vous en exclut ; mais nous vous conférerons le commandement des armées, et surtout des brigands qui couvriront d’abord la Suède, de meurtres et de rapines, pour y cimenter notre puissance : ferez-vous, quand il en sera tems, le serment de nous être fidèle ? — Je le fais d’avance. — Il ne nous reste donc plus qu’à vous parler de nos mœurs.