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il eut lu sur les suscriptions le nom de plusieurs gens de la cour ; aimable français, me dit-il, il faudra, si vous portez ces lettres, renoncer au plaisir de nous voir. De puissans intérêts divisent ma maison, de celles où vous devez aller. Ennemis jurés du despotisme de la cour, mes confrères, mes amis, mes parens, ne voyent aucun de ceux qui servent, ou partagent ce despotisme. Oh monsieur, dis-je, votre façon de penser est trop conforme à la mienne, pour que je ne vous fasse pas à l’instant le plus léger sacrifice de tout ce qui paraîtrait devoir m’asservir au parti contraire à celui que vous suivez. J’abhorre les rois et leur tyrannie : est-il donc présumable que ce soit entre les mains d’un tel être, que la nature ait pu confier le soin de gouverner les hommes ? la facilité avec laquelle un seul individu peut être séduit, trompé, ne suffit-elle pas à dégoûter tous les gens sages du pouvoir monarchique. Hâtez-vous, braves sénateurs, de rendre au peuple suédois la liberté que Gustave cherche à lui ravir, d’après l’exemple de ses ancêtres ; que les efforts entrepris maintenant par votre jeune prince pour accroître son autorité, de-