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le jour : trois prêtres étaient en face de l’autel, prêts à consommer le sacrifice ; et six enfans de chœur, tous nuds, se préparaient à le servir ; deux étaient étendus sur L’autel, et leurs fesses allaient servir de pierres sacrées. Braschi et moi, nous étions couchés dans une ottomane, élevée sur une estrade de dix pieds de haut, à laquelle on ne parvenait que par des marches recouvertes de superbes tapis de Turquie. Cette estrade formait un théâtre, où vingt personnes pouvaient se tenir à l’aise ; six petits ganimèdes, de sept ou huit ans, tout nuds, assis sur les escaliers, devaient, au moindre signal faire exécuter les ordres du Saint-Père ; différens costumes, aussi galans que pittoresques, embellissaient les hommes, mais celui des femmes était trop délicieux, pour ne pas mériter une description particulière. Elles étaient vêtues d’une chemise de gaze écrue, qui flottait négligemment sur leur taille, sans la masquer ; une collerette en fraise, ornait leur col ; et la tunique, que je viens de décrire, était, par le moyen d’un large ruban rose, renouée au-dessous de leur sein, qu’elle laissait absolument à découvert ; pardessus cette chemise, elles