Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 8, 1797.djvu/94

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tout ce qu’elle possédait d’or et de bijoux, afin d’avoir au moins cette ressource, s’il nous arrivait quelque malheur dans l’exécution de notre projet. Entrant au mieux dans la perfide sagesse de ces précautions, madame de Donis, qui ne soupçonnait pas celles que je prenais de mon côté, voulut encore faire dire à tous ses amis qu’elle allait en Sicile, et qu’elle prenait congé d’eux pour six mois ; et ne conservant absolument que la vieille duègne dont je viens de parler, l’imprudente créature se livra toute entière à nous… Il devenait impossible de mieux tomber dans les pièges que nous lui tendions pour la perdre : dès le second jour, tout fut en ordre, et la comtesse à nous, avait avec elle six cents mille francs d’effets, un porte-feuille de deux millions, et trois mille sequins de numéraire ; pour toute défense, une vieille femme, tandis que j’avais, moi, indépendamment de Sbrigani, deux vigoureux valets pour nous aider.

Ces dispositions faites, comme je m’amusais infiniment de l’idée de faire commettre à la fille le crime dont sa mère voulait la rendre victime, j’engageai la comtesse à nous tranquilliser trois ou quatre jours avant