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supplie, que de l’exécution projetée. Vous n’imaginez pas comme la vertu me refroidit quand mon ame est entière au crime ?… Ah ! Juliette, me dit madame de Donis, tu blâmes peut-être cette bonne action ? — Non, me hâtai-je de répondre, et j’avais mes raisons pour me presser… Non, certes, je ne blâme rien ; mais je ne voudrais pas que nous liassions deux objets si distans l’un de l’autre. Eh bien ? me répondit la comtesse, ne nous occupons que de celle qui vient de me faire un effet si prodigieux. Tu m’as promis des détails, Juliette ; j’en ai quelques-uns dans la tête, communiquons-nous nos idées ; je veux voir si nos imaginations se répondent. Eh bien, dis-je, il faut d’abord que la scène soit transportée à la campagne ; les luxures cruelles ne sont bonnes que là ; le silence et la tranquillité dont on y jouit ne se rencontrent point ailleurs : il faut ensuite mêler à tout cela quelques détails luxurieux. Aglaé est-elle vierge ? — Assurément. — Il faut que ses prémices s’immolent sur les autels du meurtre ; il faut que ses deux mères la présentent au sacrificateur, il faut… Ah ! que les supplices soient effrayans, interrompit brusquement la comtesse. —