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que l’art et l’opulence paraissaient avoir préparée pour les plus savantes recherches de la luxure.

O Juliette, me dit alors la comtesse en se précipitant sur mon sein, j’ai besoin des ombres qui nous environnent pour oser t’avouer le résultat de tes perfides secrets ; jamais peut-être un crime plus atroce ne se conçut, il est affreux, mais je bande en le complottant… Je décharge en croyant m’y livrer… Oh mon amour, comment te confier cette horreur ! Où nous emporte une imagination déréglée ! Où la satiété, l’abandon des principes, l’endurcissement de la conscience, le goût des vices, et l’usage immodéré de la luxure, n’entraînent-ils pas une faible et malheureuse créature… Tu connais, Juliette, ma mère et ma fille ? — Assurément. — L’une, ma mère, à peine âgée de cinquante ans, possède encore tous les attraits de la beauté. Tu sais qu’elle m’adore. Aglaé, ma fille, âgée de seize ans… Aglaé que j’idolâtre, avec laquelle je me suis branlée deux ans de suite, comme ma mère l’avait fait avec moi… Eh bien, Juliette, ces deux créatures… — Achève donc. — Ces deux femmes qui devraient m’être si