Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 8, 1797.djvu/74

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

étant des choses qui ne dépendent point de nous, il faut savoir s’en passer quand on ne peut les acquérir. Souvenez-vous enfin, qu’il n’y a pas de crime au monde, quelque médiocre qu’il soit, qui n’apporte un plus grand plaisir à celui qui le fait, que le déshonneur ne peut lui apporter de peine. En vit-on moins pour être flétri ? Et que m’importe, si mon aisance et mes facultés me restent ! c’est dans elles que je trouve mon bonheur, et non dans une vaine opinion, qui ne saurait dépendre de moi, puisqu’on voit tous les jours dans le monde, des gens perdus d’honneur et de réputation, trouver pourtant une existence… une considération à laquelle ne pourraient jamais prétendre des êtres faibles, qui auraient encensé la vertu toute leur vie.

Voilà ma chère comtesse, les avis que je donnerais au vulgaire ; voyez maintenant combien votre état, votre personnel, votre richesse, votre crédit, vous assurent de repos, et d’impunité. Vous êtes au-dessus des loix par votre naissance, de la religion par votre esprit, de vos remords par votre sagesse… Eh ! non, non, il n’est point d’égarement que vous ne deviez caresser, aucun dans