Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 8, 1797.djvu/72

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pris, vous n’avez plus affaire de ces gens-là : ne dites jamais, mon fils, mon valet, ma femme ne me trahira point, parce que si ces sortes de gens-là le veulent, ils ont une manière de vous dénoncer que la loi adopte et qui ne vous perdra pas moins.

N’ayez sur-tout jamais aucun recours à la religion ; vous êtes perdue si vous lui rendez son empire ; elle vous bourellera, elle remplira votre âme de crainte et de chimères, et vous finirez par vous rendre vous-même votre premier délateur. Toutes ces choses pesées et combinées de sang froid ; (car je veux bien que vous conceviez le crime dans le délire des passions, je vous y exhorte même ; mais je veux que, conçu dans l’ivresse, il soit combiné dans le calme) alors, jetez un coup-d’œil sur vous-même, voyez ce que vous êtes, ce que vous pouvez ; examinez votre fortune, vos moyens, votre crédit, vos emplois, voyez jusqu’à quel

    où il s’expose ne lui paraît pas encore plus grand ; ce qui prouve que, ou il faut choisir le complice bien intimément lié à soi, ou s’en défaire dès qu’on s’en est servi.

    (Disc. Lib. 3 cap. 6.)