Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 8, 1797.djvu/70

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que par l’habitude du crime, si, dis-je, vous n’en étiez pas bien certaine, inutilement travailleriez-vous à vous rendre maîtresse des jeux de votre physionomie, ils viendraient la décomposer sans cesse et vous trahir à tous les instans ; ne restez donc point en chemin : vous seriez la plus malheureuse des femmes, si vous ne commettiez qu’un seul délit ; ou ne commencez pas, ou plongez-vous entièrement dans l’abîme, dès que vous avez mis le pied sur les bords. La multitude seule de vos forfaits étouffera le remords… fera naître la douce habitude les émousse si bien, et assurera à votre physionomie le masque nécessaire à tromper les autres. Ne combinez rien d’ailleurs sur l’atrocité du crime, elle ne doit être d’aucun poids dans la balance ; ce n’est point l’atrocité qui fait punir, c’est l’éclat ; et plus le crime est violent, plus il suppose des précautions ; il est donc presqu’impossible de faire un crime atroce sans précautions, au lieu qu’on les néglige dans les petits ; et voilà d’où vient qu’ils éclatent. L’atrocité n’est que pour vous, et qu’importe dès que votre conscience est à l’épreuve ; plutôt que l’éclat