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ce qu’il y eut de délicieux pour ma maudite tête, c’est que les choses n’en restèrent point là, et ma petite méchanceté fut bien réjouie, quand j’appris que deux jours après l’ambassadrice avait été poignardée. Cette aventure fit le plus grand bruit. Cent émissaires publièrent à l’instant l’histoire, et chargèrent le duc qui, ne pouvant résister à ses remords, ne pouvant soutenir le poids de l’infamie, prêt à tomber sur sa tête, se brûla la cervelle ; mais je n’avais pas coopéré à cette mort, à peine en étais-je la seconde cause. Cette idée me désespérait : voici ce que j’entrepris quelques jours après, pour m’en consoler, et m’en dédommager en même tems.

Tout le monde sait que les Italiens font un grand usage de poison : l’atrocité de leur caractère se trouve en action par cette manière de servir leur vengeance ou leur lubricité. J’avais recomposé avec Sbrigani, tous ceux dont la Durand m’avait donné les recettes : j’en vendais de tous les genres ; une infinité de gens venaient s’en fournir chez moi, et cette branche de commerce me valait un argent immense.

Un jeune homme assez joli, dont j’avais