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perdre la raison au sein des plus sales débauches.

L’ambassadrice avait un mari fort dévôt, très-jaloux, auquel elle faisait croire que tout le tems de ses absences se passait chez une amie qui, comme elle, fréquentait ma maison avec la plus grande assiduité.

Voyant un grand parti à tirer de tout cela, je vais trouver un jour l’ambassadeur ; excellence, lui dis-je, un homme comme vous, ne mérite pas d’être trompé ; la femme qui porte votre nom est indigne de vous posséder ; je vous conjure de vous éclaircir ; vous le devez à votre honneur… à votre tranquillité… Moi trompé, dit l’ambassadeur, cela est impossible ; je connais trop ma femme. — Vous ne la connaissez pas, monseigneur ; vous êtes loin de soupçonner les affreux excès où elle se livre, et je veux en convaincre vos yeux même. Florella confondu hésite un moment ; il ne sait s’il osera ajouter aux malheureux soupçons que je jette en son ame, la conviction que je lui offre. Revenant ; delà néanmoins avec plus de fermeté que je ne lui en aurais soupçonné ; êtes-vous en état de me prouver ce que vous me dites, madame, me demanda-t-il ? — Ce