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tituer dans des bordels ; leur misère et tempérament les y portent. Il n’y a point de ville en Europe où la constitution de l’état mette les femmes plus mal à leur aise ; et il y en a peu où leur libertinage soit plus étendu. Le sigisbéat n’est qu’un voile ; rarement le sigisbé a des droits sur la femme qu’il sert ; placé là comme l’ami de l’époux il accompagne cette femme quand elle le veut, et la quitte quand elle l’ordonne. Ceux qui croyent que le sigisbé est un amant, sont dans une grande erreur ; il est l’ami commode de la femme ; quelquefois l’espion du mari, mais il ne couche point, et c’est sans doute, de tous les rôles, le plus plat à jouer en Italie. Si un étranger riche paraît dans le monde, et le mari et le sigisbé, tout se retire, tout cède la place à celui sur la bourse duquel on se fonde, et j’ai souvent vu le complaisant époux sortir de la maison pour quelques sequins, quand l’étranger témoigne le plus petit désir d’entretenir madame seule.

Je vous ai donné cette légère esquisse des mœurs florentines, afin de vous faire voir, pour les escroqueries, pour les débauches que nous méditions, ce que nous donnaient