Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 8, 1797.djvu/47

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nous te jurons le plus profond secret, si tu nous assures, de ta part, l’impunité la plus entière, tout le tems que nous habiterons Florence. Jure nous que, quelque chose que nous fassions dans tes états, nous n’y serons jamais recherchées sur rien. Je pourrais me soustraire à cette inquisition, dit Léopold, et sans me souiller du sang de ces créatures, je pourrais les convaincre qu’il y a ici, comme à Paris, des châteaux où l’on sait contraindre les indiscrets au silence, mais je n’aime pas ces moyens avec des femmes qui me paraissent aussi libertines que moi ; je vous accorde l’impunité que vous me demandez pour vous, votre mari et vos sœurs, seulement l’espace de six mois : sortez après de mes états, je vous l’ordonne. Obtenant tout ce que je voulais, je ne crus pas devoir répliquer ; et après avoir remercié, Léopold, reçu l’argent et ses promesses bien en règle, nous prîmes congé de lui et nous retirâmes.

Il faut jouir de ce jubilé, me dit Sbrigani, dès qu’il eut su notre arrangement, et tâcher de ne pas quitter Florence sans ajouter au moins trois millions à ceux que nous avons déjà ; ce qui me déplaît c’est que cette nation-ci est vilaine et pauvre ; enfin,