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que l’on s’y est une fois accoutumé. Aucune action n’irrite comme celle-là, aucune ne prépare autant de volupté ; il est impossible de s’en rassasier ; les obstacles en irritent le goût, et ce goût dans nos cœurs, va jusqu’au fanatisme. Vous avez éprouvé, Juliette, de quels délices il est dans les débauches, et combien il les rend piquantes et délicieuses, son empire agit à-la-fois, et sur le moral et sur le physique ; il enflamme tous les sens, il les enivre, il les étourdit. Sa commotion sur la masse des nerfs, est d’une violence bien plus forte que celles de toutes les autres voluptés ; on ne l’aime jamais qu’avec fureur, on ne s’y livre qu’avec transport. Le complot chatouille, l’exécution électrise, le souvenir embrâse, on voudrait le multiplier sans cesse… le renouveler à tous les instans. Plus une créature nous approche, ou nous intéresse, plus elle nous touche directement, plus ses liens avec nous sont sacrés, plus l’immolation de la victime nous délecte ; les rafinemens s’en mêlent, comme dons tous les autres plaisirs : de ce moment, les écarts n’ont plus de bornes, l’atrocité se porte au dernier point, parce que le sentiment qui le produit, s’exhalte