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le meurtre ? N’est-ce pas l’action d’ôter la vie à son semblable ? en faisant cette action, voilà le crime constaté sans aucun égard à ce que peut être l’homme privé de la vie ; mais s’il est couvert de crimes, cet homme-là, je ne fais pourtant pas, en le tuant, plus de mal que les loix, et, si j’en fais, les loix en font aussi : lequel vaut-il mieux croire, ou l’innocence de celui qui tue le criminel, ou l’infamie de la loi qui tue le criminel ?

Dans combien de pays, et pendant combien de siècles n’immola-t-on pas des esclaves, sur le tombeau des maîtres ? À votre avis, ces peuples croient-ils au crime du meurtre ?

Qui pourrait nombrer ce que les Espagnols immolèrent d’Indiens, dans leur conquête du nouveau monde ? Rien qu’en transportant leurs bagages, deux cents mille périrent en une seule année.

Octave fit égorger trois cents personnes, dans Pérouse, uniquement pour célébrer l’anniversaire de la mort de César.

Un Pirate de Calicut, croisant sur la côte, rencontre un Brigantin Portuguais ; il le prend, trouve l’équipage endormi, et fait égorger tous ceux qui le composaient, parce