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soldats, que l’amour n’était pas capable d’amollir son cœur ; il venait pourtant de passer la nuit avec elle, et d’assouvir ses desirs[1]. Le même, soupçonnant un des jeunes garçons destinés à ses plaisirs, d’avoir mangé frauduleusement un concombre dans ses jardins, fit fendre le ventre à tous ceux qui se trouvaient dans son sérail, jusqu’à ce que le fruit fût découvert dans les entrailles de l’un d’eux… Trouvant quelques défauts dans une décolation de Saint-Jean-Baptiste, il fit couper devant lui le col d’un esclave, et fit voir à l’artiste Belino vénitien, et auteur du tableau qu’il blâmait, que la nature n’avait pas été bien saisie. Tiens, lui dit-il, voilà comme doit être une tête coupée. C’est encore ce même grand homme qui, philosophiquement persuadé que la vie des sujets est faite que pour servir la passion des souverains, fit jetter cent mille esclaves nuds dans les fossés de Constantinople, pour servir de fascines lorsqu’il faisait le siège de cette capitale.

  1. De ce moment la chose s’entend infiniment mieux.