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geras pas la moindre chose dans ma marche : que tu détruises ou que tu crées, tout est à peu-près égal à mes yeux, je me sers de l’un et de l’autre de tes procédés, rien ne se perd dans mon sein : la feuille qui tombe de l’arbuste, me sert autant que les cèdres qui couvrent le Liban ; et le ver, qui naît de la pourriture, n’est pas d’un prix moindre, ni plus considérable à mes yeux, que le plus puissant monarque de la terre. Formes donc ou détruis à ton aise ; le soleil se levera de même ; tous les globes que je suspends… que je dirige dans l’espace, n’en auront pas moins le même cours, et si tu détruits tout… comme ces trois règnes, anéantis par ta méchanceté, sont des résultats nécessaires de mes combinaisons… que je ne forme plus rien, parce que ces règnes sont créés avec la faculté de se reproduire mutuellement ; boulversés par ta main traîtresse, je les réformerai, je les relancerai sur la surface du globe ; ainsi, le plus étendu, le plus multiplié de tes crimes… le plus atroce, ne m’aura donné qu’un plaisir.

Les voilà, Juliette, les voilà les loix de la nature ; telles sont les seules qu’elle ait