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tron de ses luxures, vous les servirez seulement. Nous serons aux ordres du Grand Duc, répondis-je, mais pour mille sequins… non : mes belles-sœurs et moi ne marcherons que pour le triple, vous reviendrez si cela vous convient.

Le libertin Léopold, qui nous avait déjà lorgnées, n’était pas homme à renoncer à de telles jouissances pour deux mille sequins de plus. Avare avec sa femme, avec les pauvres, avec ses sujets, le fils de l’autrichienne ne l’était pas pour ses voluptés. On vint donc nous prendre le lendemain mutin pour nous conduire à Pratolino, dans l’Appennin, sur la route par laquelle nous étions arrivées à Florence.

Cette maison, fraîche, solitaire et voluptueuse, avait tout ce qui caractérise un lieu de débauche. Le Grand Duc sortait de dîner quand nous parûmes, il n’avait avec lui que son aumônier, agent et confident de ses lubricités. Mes belles amies, nous dit le souverain, je vais, si vous le trouvez bon, vous réunir aux jeunes objets qui doivent aujourd’hui servir à ma luxure. Léopold, répondis-je, avec cette noble fierté qui me caractérisa dans tous les tems, mes