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d’idée du point auquel l’absurdité établit son empire sur les chaînes de la civilisation.

Les meurtriers, en un mot, sont dans la nature, comme la guerre, la peste et la famine ; ils sont un des moyens de la nature, comme tous les fléaux dont elle nous accable. Ainsi, lorsque l’on se dit qu’un assassin offense la nature, on dit une absurdité aussi grande, que si l’on disait que la peste, la guerre ou la famine irritent la nature, ou commettent des crimes ; c’est absolument la même chose ; mais nous ne pouvons ni rouer, ni brûler la peste ou la famine ; et nous pouvons faire l’un ou l’autre à l’homme ; voilà pourquoi il a tort ; vous verrez presque toujours les torts mesurés ; non sur la grandeur de l’offense, mais sur la faiblesse de l’aggresseur, et voilà d’où vient que les richesses et le crédit ont toujours raison auprès de l’indigence.

À l’égard de la cruauté qui conduit au meurtre, osons dire, avec assurance, que c’est un des sentimens le plus naturel à l’homme, c’est un des plus doux penchans… un des plus vifs qu’il ait reçu de la nature ; c’est en un mot, dans lui le desir d’exercer ses forces ; il le porte dans toutes ses