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nous procure, lorsque nous commettons un crime. Plus il est affreux, plus nous jouissons ; plus il est noir, plus nous sommes chatouillés. Cette inexplicable nature veut donc de la noirceur… de l’atrocité dans l’action qu’elle nous indique ; elle veut que nous y mettions la même, que celle qu’elle emploie dans les fléaux dont elle nous écrase : livrons-nous donc sans aucune crainte ; cessons d’avoir rien de sacré sur cet objet ; méprisons les vaines loix humaines… les sottes institutions qui nous captivent. N’écoutons que l’organe sacré de la nature… certains qu’il contrariera toujours les absurdes principes de la morale humaine et de l’infâme civilisation : croyez-vous donc que la civilisation ou la morale aient rendu l’homme meilleur ? Ne l’imaginez pas… Gardez-vous de le supposer ; l’un et l’autre n’ont servi qu’à l’amolir, qu’à lui faire oublier les loix de la nature qui l’avaient rendu libre et cruel, de ce moment l’espèce entière s’est trouvée dégradée, la férocité s’est changée en fourberie, et le mal que l’homme a fait n’est devenu que plus dangereux à ses semblables : puisqu’il faut qu’il commette ce mal, puisqu’il est nécessaire, puisqu’il est