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et que c’est lui qui est la souche : ou cela, ou les jeunes mères, sur-tout lorsqu’elles sont grosses, voilà les deux meurtres qui remplissent le mieux le but des règnes, et sur-tout celui de la nature ; voilà ceux où doit tendre tout homme qui veut plaire à cette marâtre du genre humain[1].

Eh ! ne voyons-nous pas ; ne sentons-nous pas que l’atrocité dans le crime plaît à la nature, puisque c’est en raison d’elle seule qu’elle règle la dose des voluptés qu’elle

  1. Presque tous les peuples de la terre ont eu le droit de vie et de mort sur leurs enfans ; ce droit est parfaitement dans la nature ; et de quoi peut-on mieux disposer, que de ce qu’on a donné ; s’il pouvait y avoir des gradations dans le prétendu crime du meurtre, c’est-à-dire, qu’il pût assigner du rang de plus ou de moins de mal dans une chose qui n’en renferme aucun, assurément l’infanticide serait au rang le plus inférieur ; la prompte facilité que tout homme possède de réparer ce léger délit, en absorbe entièrement tout le mal. En étudiant bien la nature, ou y verra que les premiers sentimens de l’instinct nous portent à détruire notre progéniture, et elle le serait infailliblement, si l’orgueil ne venait réclamer pour elle.