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empoisonnerait celui qui le mangerait ; les morts subites, les coups de sang, y sont très-fréquens alors ; mais comme nous étions au commencement du printems, je crus pouvoir y passer l’été, sans aucuns risques ; nous ne couchâmes à l’auberge que deux nuits ; dès le troisième jour, je louai une superbe maison sur le quai de l’Arno, dont Sbrigani faisait les honneurs ; je passai toujours pour sa femme, et mes deux suivantes pour ses sœurs. Établie là sur le même pied qu’à Turin, et que dans les autres villes d’Italie où j’avais passé, les propositions arrivèrent aussitôt que nous fûmes connues ; mais un ami de Sbrigani l’ayant prévenu qu’avec de la modération, et point trop de promptitude, nous serions peut-être admises aux plaisirs secrets du grand Duc, pendant quinze jours, nous refusâmes ce qui se présentait ; les émissaires du Prince arrivèrent enfin ; Léopold voulait nous réunir toutes trois aux objets journaliers de ses débauches secrètes, et il y avait mille sequins pour chacune, si notre complaisance était entière. Les goûts de Léopold sont despotes et cruels comme ceux de tous les souverains, nous dit l’émissaire, mais vous ne serez point le plas-