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l’acte qui les révivifiait : que lorsque la nature les envoie sur la terre, à dessein d’anéantir ces règnes qui la privent de la faculté de nouveaux élancemens, elle ne commet qu’un acte d’impuissance ; parce que les premières loix, reçues par ces règnes, lors du premier jet, leur ont imprimé cette faculté productive, qui durera toujours, et que la nature n’anéantira, qu’en se détruisant totalement, ce dont elle n’est pas maîtresse, parce qu’elle est soumise elle-même à des loix de l’empire desquelles il lui est impossible de s’échaper, et qui dureront éternellement. Ainsi, le scélérat, par ses meurtres, non-seulement aide la nature à des vues qu’elle ne parviendra jamais pourtant à remplir, mais aide même aussi aux loix, que les règnes reçurent lors du premier élan. Je dis premier élan, pour faciliter l’intelligence de mon systême ; car, n’y ayant jamais eu de création, et la nature étant éternelle, les élans sont perpétuels tant qu’il y a des êtres ; ils cesseraient de l’être s’il n’y en-avait plus, et favoriseraient alors de seconds élans, qui sont ceux que desire la nature, et où elle ne peut arriver que par une destruction totale,