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héros qui dévastent la terre, tout cela, dis-je, ne nous prouve-t-il pas d’une manière invincible que toutes nos loix sont contraires aux siennes, et qu’elle ne tend qu’à les détruire ; ainsi ces meurtres que nos loix punissent avec tant de rigueur, ces meurtres que nous supposons être le plus grand outrage que l’on puisse lui faire, non seulement comme vous le voyez, ne lui font aucun tort, et ne peuvent lui en faire aucun, mais deviennent même en quelque façon utiles à ses vues, puisque nous la voyons les imiter si souvent, et qu’il est bien sûr qu’elle ne le fait, que parce qu’elle desirerait l’anéantissement total des créatures lancées, afin de jouir de la faculté qu’elle a d’en relancer de nouvelles. Le plus grand scélérat de la terre, le meurtrier le plus abominable, le plus féroce, le plus barbare, n’est donc que l’organe de ses loix… que le mobile de ses volontés, et le plus sûr agent de ses caprices.

Allons plus loin : ce meurtrier croit qu’il détruit ; il croit qu’il absorbe ; et delà naissent quelquefois ses remords ; tranquillisons-le donc totalement sur cela ; et si le systême que je viens de développer n’est pas encore