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en ne détruisant pas, nous la lions à ses loix secondaires, et la privons de sa plus active puissance. Ainsi, toutes les loix que nous avons faites, soit pour encourager la population, soit pour punir la destruction, contrarient nécessairement toutes les siennes ; et toutes les fois que nous nous prêtons à ces loix, nous choquons directement ses desirs ; mais au contraire chaque fois, ou que nous nous refusons opiniâtrement à cette propagation qu’elle abhorre, ou que nous coopérons à ces meurtres qui la délectent et qui la servent, nous devenons sûrs de lui plaire… certains d’agir d’après ses vues. Eh ! ne nous prouve-t-elle pas à quel point notre multiplication la gêne… comme elle aurait envie de s’échapper encore une fois, en la détruisant… Ne nous le prouve-t-elle point, par les fléaux dont elle nous écrase sans cesse, par les divisions, par les zizanies qu’elle sême entre nous… par ce penchant au meurtre qu’elle nous inspire à tout instant. Ces guerres, ces famines, dont elle nous accable, ces pestes qu’elle envoye de tems en tems sur le globe, afin de nous détruire, ces scélérats qu’elle multiplie, ces Alexandre, ces Tamerlan, ces Gengis, tous ces