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Par le premier élancement, l’homme reçoit des loix directes dont il ne peut plus s’écarter ; ces loix sont celles de sa conservation personnelle… de sa multiplication, loix qui tiennent à lui… qui dépendent de lui, mais ! qui ne sont nullement nécessaires à la nature ; car il ne tient plus à la nature, il en est séparé ; il en est entièrement distinct, tellement qu’il n’est point utile à sa marche… point nécessaire à ses combinaisons, qu’il pourrait ou quadrupler son espèce, ou l’anéantir totalement, sans que l’univers en éprouvât la plus légère altération. S’il se multiplie, il a raison suivant lui ; s’il se détruit, il a tort, toujours d’après lui ; mais aux yeux de la nature, tout cela change ; s’il se multiplie, il a tort ; car il enlève à la nature l’honneur d’un phénomène nouveau, le résultat de ses loix étant nécessairement des créatures ; si celles qui sont lancées ne se propageaient point, elle lancerait de nouveaux êtres, et jouirait d’une faculté qu’elle n’a plus ; non qu’elle ne puisse l’avoir encore si elle le voulait, mais elle ne fait jamais rien d’inutile, et tant que les premiers êtres lancés se propagent par les facultés qu’ils ont en eux-mêmes, elle ne