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vis les plus belles plantations d’orangers, les plus agréables bosquets de myrthe, les eaux les plus fraîches et les plus jaillissantes.

L’autre partie de ce palais ou nous allons aboutir, me dit le Saint-Père, sert de logement à quelques objets de luxure de l’un et de l’autre sexe, que j’y tiens renfermés ; ils paraîtront au souper que je t’ai promis : poursuivons. Ah ! Braschi, dis-je avec enthousiasme, tu tiens donc des objets en cage… et je me flatte au moins que tu leur rends un peu la vie dure… Fouettes-tu ? Il faut bien en venir là, quand on est vieux, me dit l’honnête Braschi : c’est la plus douce jouissance des gens de mon âge ; et c’est en vérité la meilleure. — Si tu fouettes, tu es cruel ; la fustigation, chez un libertin, n’est que l’élan de sa férocité, c’est pour lui donner quelqu’issue qu’il en vient là ; il ferait autre chose s’il osait. Eh bien ! j’ose, me dit plaisamment le Saint-Père, oui, j’ose quelquefois, tu le verras, Juliette, tu le verras.

Mon ami, dis-je au Pape, il me reste tes trésors à examiner ; tu dois avoir de l’or, je sais que tu es avare ; je le suis aussi ; il n’est rien dans le monde que j’aime autant