Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 8, 1797.djvu/31

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fond de cette pièce. Il est impossible, en voyant ce superbe morceau, de se défendre de la plus douce émotion. Un Grec, dit-on, s’enflamma pour une statue… je l’avoue, je l’eusse imité près de celle-là ; en examinant les beautés de détails de ce célèbre ouvrage, on croit aisément que l’auteur dût, comme la tradition le rapporte, se servir de cinq cents modèles pour le terminer ; les proportions de cette sublime statue, les grâces de la figure, les contours divins de chaque membre, les arrondissemens gracieux de la gorge et des fesses, sont des traits de génie qui pourraient le disputer à la nature, et je doute que le triple de modèles, choisi sur toutes les beautés de la terre, pût aujourd’hui fournir une créature qui n’eut à perdre à la comparaison. L’opinion générale est, que cette statue nous représente la Vénus maritime des Grecs : je ne m’appesantirai pas davantage sur un morceau dont les copies se sont autant multipliées ; tout le monde peut la posséder, sans doute, mais personne ne l’appréciera comme moi…… L’exécrable dévotion fit autrefois briser ce beau morceau… Les imbécilles ! ils adoraient l’auteur de la nature, et croyaient la