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blie donc pas, friponne, me dit le saint-père, que tu parles au chef de cette religion… Il ne l’aime pas plus que moi, répondis-je,

    Néron donnait volontiers ses jardins pour ces spectacles. On l’y voyait parmi le peuple, en habit de cocher, où assis lui-même sur un char. Ces supplices des chrétiens l’amusaient infiniment, et il y coopérait souvent lui-même.

    Écoutons maintenant Lucien sur cette même secte. « C’est, dit-il, une assemblée de vagabonds déguenillés, au regard farouche, à la démarche d’énergumènes, poussant des soupirs, faisant des contorsions, jurant par le fils qui est sorti du père, prédisant mille malheurs à l’empire, blasphêmant tout ce qui ne pensait pas comme eux. » Voilà qu’elle était la religion chrétienne dès sa naissance, une horde de fripons et de scélérats, suivie par des putains. Les infortunes de cette secte, finirent par intéresser les gens faibles, comme cela est d’usage : si on ne l’eût point persécutée, on n’eût jamais entendu parler d’elle. Il est inoui qu’un pareil fratras, d’impostures et d’atrocités, ait aveuglé si long-tems nos pères. Quand serons-nous donc assez sages pour les absorber, pour les pulvériser sans retour ?