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d’attendre le coup ; tu as de quoi vivre, redeviens bourgeois de Rome ; change le costume funèbre de toute cette canaille enfroquée qui t’entoure, licencie tes moines, ouvre tes cloîtres, rends à tes religieuses la liberté de se marier, n’enterre pas le germe de cent générations : l’Europe étonnée t’admirera, ton nom se tracera sur les colonnes du temple de mémoire, dont tu n’approcheras jamais si tu ne changes bientôt le triste honneur d’être Pape, contre celui, bien autrement précieux, d’être philosophe.

Juliette, me dit Braschi, on m’avait bien dit que tu avais de l’esprit, mais je ne t’en croyais pas autant ; un tel degré d’élévation dans les idées, est extrêmement rare chez une femme. Je vois bien que ce n’est pas avec toi qu’il faut feindre, j’ôte le masque… vois l’homme… vois celui qui veut jouir de toi à tel prix que ce puisse être.

Écoute-moi, vieux singe, répondis-je, je ne suis pas venue ici pour jouer la vestale, et puisque j’ai tant fait que de me laisser conduire dans les appartemens les plus mystérieux de ton palais, tu dois être bien sûr que je n’ai pas envie de te résister ; mais au lieu