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s’observer tous les différens degrés de la dissolution, depuis l’instant de la mort jusqu’à la destruction totale de l’individu. Cette sombre exécution est de cire, colorée si naturellement, que la nature ne saurait être ni plus expressive, ni plus vraie. L’impression est si forte, en considérant ce chef-d’œuvre, que les sens paraissent s’avertir mutuellement. On porte, sans le vouloir, la main au nez ; ma cruelle imagination s’amusa de ce spectacle ; à combien d’êtres, ma méchanceté a-t-elle fait éprouver ces affreuses gradations… Poursuivons : la nature me porta, sans doute, à ces crimes, puisqu’elle me délecte encore, seulement à leur souvenir.

Non loin de là est un autre sépulcre de pestiférés, où les mêmes gradations s’observent ; on y remarque sur-tout un malheureux, tout nud, apportant un cadavre, qu’il jette avec les autres, et qui suffoqué lui-même par l’odeur et le spectacle, tombe à la renverse et meurt ; ce grouppe est d’une effrayante vérité.

Nous passâmes ensuite à des objets plus gais ; la chambre, dite la tribune, nous offrit la fameuse Vénus Médicis, placée au