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tous les autres ; et comment, d’après cela, a-t-il pu croire que ce frein suppléant pourrait jamais servir à quelque chose. Il est des punitions pour les coupables, soit ; je vois à cela de la cruauté ; mais aucuns moyens de rendre l’homme meilleur, et ce n’était, ce me semble, qu’à cela qu’il fallait travailler. On échappe tant qu’on veut d’ailleurs, à ces punitions, et cette certitude encourage l’ame de celui qui a tout franchi. Eh ! convainquons-nous en donc une bonne fois, les loix ne sont qu’inutiles et dangereuses ; leur seul objet est de multiplier les crimes, ou de les faire commettre en sûreté, par le secret ou elles contraignent ; sans les loix et les religions, on n’imagine pas le degré de gloire et de grandeur ou seraient aujourd’hui les connaissances humaines ; il est inoui comme ces indignes freins en ont retardé les progrès ; telle est la seule obligation que l’on leur aie. On ose déclamer contre les passions ; on ose les enchaîner par les loix ; mais que l’on compare les unes et les autres ; que l’on voye qui des passions ou des loix, ont fait le plus de bien aux hommes ; qui doute, comme le dit Helvétius, que les passions ne soient, dans le moral, ce qu’est le mouve-