Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 8, 1797.djvu/248

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

crime qu’ils vont commettre, est pour eux considération bien légère. Il n’y a pas de crime à ce que nous projetons, dit Ghigi.

Toutes nos erreurs, en morale, viennent de l’absurdité de nos idées sur le bien et le mal ; si nous étions convaincus de l’indifférence de toutes nos actions, si nous étions bien persuadés que celles que nous appelons justes, ne sont rien moins que telles aux yeux de la nature, et que celles que nous nommons iniques, sont peut-être près d’elle la plus parfaite mesure de la raison et de l’équité, assurément nous ferions bien moins de faux calculs ; mais les préjugés de l’enfance nous trompent, et ne cesseront jamais de nous induire en erreur tant que nous aurons la faiblesse de les écouter ; il semble que le flambeau de la raison ne nous éclaire que quand nous ne sommes plus à même de profiter de ses rayons ; et ce n’est jamais qu’après sottises sur sottises, que nous parvenons à découvrir la source de toutes celles que l’ignorance nous a fait commettre. Presque toujours encore, les loix du gouvernement nous servent de boussole pour distinguer le juste et l’injuste. Nous disons, la loi