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infailliblement… Que de faiblesses, et que de sophismes, dis-je vivement à cette prude, c’est-à-dire que, parce qu’un être s’oppose aux fleurs que t’offre la nature, dans la carrière de la vie, il faut, loin de la repousser, augmenter l’épaisseur des chaînes dont il te surcharge. Ah ! brise-les sans crainte, ces liens affreux. Ouvrages de la mode et de l’ambition, que peuvent-ils avoir de sacré pour toi ? méprise-les, foule-les aux pieds, comme ils méritent de l’être : une jolie femme en ce monde ne doit avoir d’autre Dieu, que le plaisir ; d’autres liens, que les roses dont sa main nous enchaîne ; d’autre vertu, que celle de foutre ; d’autre morale, que l’impérieuse loi de ses desirs. Il faut d’abord te faire faire un enfant, n’importe par qui ; et cela, pour t’assurer les biens de ton époux. Cette opération terminée, nous ferons prendre un bouillon à cet original, et nous nous précipiterons toutes deux ensuite dans le bourbier fangeux des voluptés les plus atroces… les plus abominables, parce que ce sont les plus délicieuses… que tu es faite pour en jouir, et que tout ce que tu leur enlèves, est un crime