Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 8, 1797.djvu/225

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bonne apparence, mais sombre, isolée, silencieuse ; et telle que semblait l’exiger les mystères que nous y allions célébrer.

Jusqu’alors, quoi que nous eussions traversé plusieurs pièces, nul objet ne s’était offert à nos yeux, lorsqu’enfin une vieille femme se présente à nous dans une assez grande anti-chambre ; ce fut alors que le changement de ton de la marquise me surprit : cette décence, cette hypocrisie, cet air de douceur et de vertu se changèrent bientôt en des propos dont eût rougi la dernière des prostituées. Nos garces sont-elles ici, demanda-t-elle ?… Oui, madame, répondit la vieille ; j’ai quatre créatures charmantes dans cette salle qui attendent la jeune personne que vous amenez, d’après ce que vous m’avez fait dire de ne lui préparer que des femmes. — Et qu’as-tu ménagé pour moi ? — Deux jeunes suisses de la garde, beaux comme l’Hercule-Farnèse, et qui vous en donneront d’ici à demain, si vous le voulez. Cette petite putain, dit la marquise, en parlant de moi, ferait bien mieux de venir partager ces plaisirs, que d’aller, comme elle veut le faire, se nourrir de viande creuse ; au surplus elle est la