Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 8, 1797.djvu/219

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mes yeux ; ta main seule a pu le briser… J’agissais machinalement : oh ! combien, je mettrais à présent plus d’esprit à pareille scène… Mais je ne puis le recommencer ce crime délicieux… je n’ai plus de fille… La scélératesse de ce regret, les débauches dont nous sortions… les propos que nous venions de tenir, les excès de table où nous nous étions livrées, tout nous jeta machinalement dans les bras l’une de l’autre ; mais trop émues… trop libertines pour nous suffire, Olimpe fit venir ses femmes : de nouvelles heures se passèrent encore dans le sein des plaisirs ; une jeune victime de quinze ans, belle comme le jour, s’immola sur les autels de ce dieu. Je priai Borghèse de la traiter sous mes regards, comme elle avait fait de sa fille ; il en résultat des horreurs, et nous ne nous séparâmes que pour en projetter de nouvelles.

Mais, quoiqu’il en pût être, le libertinage effrené de madame de Borghèse ne me faisait point oublier les plaisirs purs que je me promettais encore avec Honorine. Je retournai la voir quelques jours après ma première aventure avec elle. La duchesse me reçut ce jour-là plus chaudement que jamais. Nous